Portraits

Aïssatou

J’ai commencé à jouer pour le plaisir mais en grandissant, je franchissais les échelons. Aujourd’hui, je suis fière du chemin accompli. Mais j’en veux plus et j’ai envie de faire des choses plus grandes. 

Quand vous lirez ces lignes, Aïssatou Tounkara aura été appelée pour jouer l’Euro 2022, sa troisième grande compétition avec l’équipe de France de football. Un objectif qu’elle avait dans un coin de sa tête. Douée, Aïssatou l’est et elle le sait. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à privilégier le football plutôt que l’athlétisme quand elle était enfant. Son père a toujours été derrière elle. « C’est lui qui m’a acheté mes premiers crampons. » Au quartier, dans le 19ème arrondissement de Paris, elle fait la fierté de tout le monde. Ses amis, avec qui elle a grandi, ne l’ont jamais exclu lorsqu’elle était la seule fille sur le terrain. Même si elle a pu se sentir mal à l’aise, eux n’ont jamais rien dit et c’est son talent qui a primé. Un talent qui l’a d’ailleurs mené aux portes de l’équipe de France et plus puisqu’affinités. Elle garde comme meilleur souvenir son titre de Championne du Monde avec l’équipe de France U17 en Azerbaïdjan en 2012. Car plus qu’un simple sport, le football lui permet de découvrir des cultures, des pays insoupçonnés, de faire des rencontres. Mais tout n’a pas été rose. Comme en 2018 quand sa première blessure la met à terre. Double fracture ouverte du tibia. Une période compliquée pour celle qui n’avait jusqu’alors jamais connu de gros pépins. « Ma blessure m’a freinée. Le fait de ne pas pouvoir jouer, la rééducation, le fait de t’entraîner tous les jours pour pouvoir revenir. C’était hyper dur… ». Si cette blessure a ralenti sa course, elle ne l’a pas arrêté pour autant. Ce qui fait la force d’Aïssatou : un mental à toute épreuve. Un mental grâce auquel elle a surmonté son épreuve. Une fois remise, c’est chez l’Atlético Madrid en Espagne qu’elle a atterri. Un pays où l’engouement pour le football féminin est incroyable. Le 31 mars dernier par exemple, 91 553 personnes assistaient au match FC Barcelone – Real Madrid au Camp Nou, un record mondial d’audience pour le football féminin.

Marie

À la Marie de 19 ans, je lui dirais : ne doute pas de toi, t’inquiète pas, ça va aller et avance. Je savais d’où je partais et j’étais consciente que j’aurais pu perdre la vie. Je savais que ça allait être dur, pénible, mais ça va aller.

Marie, 31 ans, est une joueuse de basket-fauteuil et une maman dévouée. Membre de l’équipe de France de basket-fauteuil depuis cinq ans, elle a découvert ce sport il y a huit ans après un accident d’équitation à l’âge de 19 ans. Cet accident a bouleversé sa vie, la forçant à interrompre ses études en alternance CAP Bac Pro Commerce. Pendant plus de deux ans, elle a dû se battre pour se remettre physiquement et mentalement. C’est dans un centre de rééducation qu’elle a découvert le basket-fauteuil, grâce à un ancien international joueur qui lui a montré les aspects physiques et collectifs de ce sport. Marie a trouvé dans le basket une nouvelle passion et un moyen de se reconstruire. Le sport est devenu une véritable thérapie pour elle, tant sur le plan physique que psychologique. Le basket l’a aidée à se protéger et à se sentir plus forte, notamment grâce à l’usage intensif de ses épaules. Marie a ensuite intégré des équipes dans des clubs. Évoluant dans un milieu majoritairement masculin en raison du manque de joueuses pour constituer des équipes féminines, elle a dû se battre deux fois plus pour obtenir sa place dans l’équipe nationale. Cette dynamique l’a amenée à développer un jeu plus stratégique et moins physique, misant sur ses capacités d’anticipation et son sens aigu de la tactique. Marie est également impliquée dans l’association « Les Amazones », qui a créé un mini championnat pour les filles. Cette initiative permet aux filles de jouer contre les garçons, et celles qui sont dans l’équipe nationale aident les nouvelles venues à s’améliorer. En raison du faible nombre de stages annuels, cette association, créée à l’initiative des femmes, est essentielle pour le développement du basket-fauteuil féminin en France. Ses premiers pas dans l’équipe de France et sa participation à son premier championnat du monde sont des moments marquants de sa carrière. Marie se rappelle avec émotion sa première Marseillaise, un moment intense de fierté et d’émotion. En handisport, les athlètes ne sont pas payés ; ils jouent vraiment pour l’amour du maillot. Elle raconte également avec émotion le soutien de son entourage et les difficultés surmontées, notamment en tant que mère sans aide pour son enfant. Reprendre le sport après la maternité lui a donné une force incroyable et l’a motivée à ne jamais lâcher. Aujourd’hui, elle souhaite changer le regard des jeunes sur le handicap et leur montrer que tout est possible avec de la détermination. Sa devise est de toujours se battre, de ne jamais douter, et de continuer à avancer malgré les obstacles. Sa détermination et son courage font d’elle un véritable modèle pour les jeunes générations.